Face aux difficultés et imprévus, êtes-vous plutôt chêne ou roseau ? La vulnérabilité n'a pas bonne presse et si elle était pourtant une véritable ressource créatrice de valeur ? Prêt à dire ciao à la rigidité et au contrôle ? Pour oser la vulnérabilité, suivez le Cap !Ce n'est pas naturel d'aller se reconnaître vulnérable parce qu'on a été baigné dans l'idée que le monde appartenait aux plus forts, ce qui est l'idée exactement inverse de celle que défend Darwin qui nous dit que ceux qui s'en sortent et ceux qui survivent, ce ne sont pas les espèces les plus fortes, ce sont les plus adaptables.
Et donc la vulnérabilité, c'est le point de départ de l'adaptabilité.Tanguy Châtel
« La vulnérabilité féconde »
Expert Apm[Vulnérabilités]
Les entreprises, elles ont ça dans leur ADN, elles évoluent par rapport à des réglementations, par rapport à des marchés, par rapport à des cultures.
Et donc elles sont sans arrêt contraintes de se réinventer pour ne pas disparaître.
Donc l'entreprise est vulnérable.
Ça veut dire qu'en fait on a de la vulnérabilité chez le collaborateur en tant que personne, chez le patron, dans sa fonction de patron, chez le manager qui se trouve souvent au cœur d'injonctions paradoxales, mais aussi dans l'entreprise elle-même.
Vulnérabilités juridiques, informatiques, économiques et ainsi de suite.
Et puis on se rend compte de plus en plus que les États sont vulnérables, que les structures traditionnelles aujourd'hui prennent quand même un peu l'eau.
Et puis on se rend compte évidemment que la planète est vulnérable.
Donc la vulnérabilité, c'est le déterminant commun de tout ce qui nous permet d'être vivant.
[Accepter sa vulnérabilité]
Renoncer à être vulnérable, c'est toujours avoir peur de sa vulnérabilité.
Donc c'est une énergie de peur qui a tendance à recroqueviller ou à produire de l'agressivité.
Donc ce ne sont pas les énergies les plus constructives.
Renoncer à être vulnérable, c'est surtout prendre le risque de se cristalliser, de devenir une chose.
Donc si on veut rester vivant, et bien il faut au contraire avoir la curiosité de sa vulnérabilité.
Mais j'entends, il faut bien préciser, avoir la curiosité de sa vulnérabilité, ça ne veut pas dire chercher à la provoquer, ça ne veut pas dire se mettre en danger, ça ne veut pas dire se faire mal délibérément.
Ça veut dire accueillir les émotions, les sensations, tout ce qui est de l'ordre du vivant à l'œuvre en nous.
Il y a derrière une dimension que certains qualifieront de psychologique, d'autre de spirituel, mais il y a l'idée de se connaître soi-même et de ne pas se rejeter soi-même.
L'idée d'incomplétude.
Je n'ai pas réponse à tout.
Je n'ai pas vocation, ni même le talent pour répondre à tout, donc je ne suis pas non plus auto-suffisant.
[Un dialogue des vulnérabilités]
Donc je suis interdépendant et j'ai cette relation aux autres qui amène à ce dialogue des vulnérabilités.
Ça nous amène à l'obligation d'inventer collectivement, donc ça nous oblige à dialoguer, à permuter les places de temps en temps, les rôles, il y a un petit côté chaises musicales.
Le patron, il est qualifié sur un point, mais il ne l’est pas sur un autre, par exemple.
Le collaborateur, il va peut-être pouvoir à un moment donné être celui qui va aider le patron à traverser un moment.
Ce n'est pas sain d'avoir des vulnérabilités qui se développent sans qu'on les connaisse.
Et pour pouvoir les connaître, il faut avoir créé le climat qui fait que c'est dicible, que c'est partageable.
Généralement, ce qu'on demande à un chef d'entreprise, c'est d'être un peu exemplaire et donc s'il doit être exemplaire au niveau de la morale, au niveau de la déontologie, au niveau du management, il faut qu'il soit aussi exemplaire, s'il l’admet avec tout le monde que la vulnérabilité est en fait une ressource en attente de produire des fruits différents.
[La vulnérabilité : une ressource]
Quand on accepte qu'on est vulnérable, on n'est pas anéanti, au contraire, on déploie un nouveau potentiel.
En fait, c'est fécond parce que le fait que je ne me reconnaisse pas comme tout puissant, fait que je vais me rendre plus réceptif aux idées des autres.
C'est fécond parce que du coup, je vais commencer à créer quelque chose avec eux dans ce dialogue.
C'est fécond parce que c'est le seul moyen aujourd'hui de répondre à des enjeux pour lesquels on n'a pas la solution.
[Intégrer la vulnérabilité]
Donc, soit on continue les vieilles recettes qui consistent à faire le dos rond et à dire « tant que je tiens, et bien jusque-là tout va bien ».
Soit on essaie d'anticiper et je crois que les entrepreneurs ont la responsabilité d'anticiper.
Donc aujourd'hui, le sujet de la vulnérabilité n'est plus un sujet optionnel, c'est un sujet structurant, structurel.
Et donc ça devient pour moi un sujet stratégique.
Une entreprise qui traiterait le sujet de la vulnérabilité à la marge n'aurait pas compris que sa survie et son développement seraient optimisés et peut-être même reposent sur une bonne intégration de ce qu'on appelle la vulnérabilité, qui ne se définit pas si facilement.
Concrètement, on peut y mettre des mots, mais derrière, comment on fait pour rendre légitime la vulnérabilité dans une entreprise ?
On a un travail d'implantation de cette approche-là dans l'entreprise.
Et il va falloir oser.
Et moi je compte sur les chefs d'entreprise pour aussi pouvoir me faire des retours en me disant "ça, ça marche et ça, ça ne marche pas".
Soyons pragmatiques.