Ce n'est plus à prouver, le burn out n'est pas réservé aux personnes fragiles mentalement ou aux accros du boulot, mais saviez-vous qu'il puise certaines de ses origines dans notre inconscient ? Quels sont les modes de fonctionnement qui peuvent conduire au burn out ? Comment en sortir et le prévenir ? Envie de développer et préserver votre équilibre personnel ? Suivez le Cap !
* Durée de lecture : 4min50 *
Je ne vais pas être pessimiste, je vais essayer d'être vraiment objectif par rapport à la situation.
Une personne qui doit partir en burn out, elle partira en burn out.
Tu as beau prévenir, prévenir, prévenir, si c'est son mode par défaut le « je suis nulle, je suis nulle, je suis nulle », « il faut que je travaille, il faut que je travaille, il faut que je travaille », elle va aller dans le mur.Théo Duverger
Expert Apm
« Le burn out du dirigeant : quand il est impossible de s'arrêter, que faire ? »[Chercher les origines]
Le burn out, contrairement à ce qu'on croit, il n'est pas déclenché par un excès de travail ou un manager un peu méchant.
Le burn out, il est déclenché par des causes beaucoup plus profondes que ça.
C'est notre éducation en fait, qui nous a forgés à travers ce qu'on appelle des petits programmes inconscients, des drivers.
Il y a trois drivers qui vont générer le burn out.
« Sois parfait », c'est les gens qui ont la « perfectionnite aigüe », donc ils en font plus que la moyenne et puis ils se méjugent en permanence, ce n'est jamais assez bien, donc leur estime d'eux va tomber dans les chaussettes.
Le « fais plaisir », tu sais quand tu es petit et qu'on t'a appris que « fais plaisir à mamie, mange ta soupe », « fais plaisir ceci », tu vas vivre pour les autres, à l'âge adulte, c'est pareil, donc tu t'oublies complètement, il y a une dépersonnalisation.
Et le dernier driver, c'est quoi ? « sois fort ».
C'est quand tu es petit et qu'on te dit « allez, tu ne vas quand même pas pleurer, tu ne vas quand même pas te plaindre », et bien tu es gamin, tu apprends que si tu veux être accepté, adopté, aimé, tu dois te taire et accepter tout.
A l'âge adulte, tu vas garder ça. Donc tu vas encaisser, tu vas « avoir le dos large », tu vas prendre sur toi, encaisser, encaisser, jusqu'au moment où la corde, elle va péter.
C'est souvent là malheureusement où c'est diagnostiqué, la prise se débranche et là on va te dire « ah oui, il est en burn out ».
Pour moi, le burn out il a démarré il y a bien plus longtemps que ça, mais malheureusement il est souvent diagnostiqué au dernier moment.
[Être attentif aux signaux]
Tu le détectes parfois très mal le burn out.
Pourquoi ? Parce qu'encore une fois, ces personnes ont le driver « sois fort » en elles, donc elles ne vont pas se plaindre, elles ne vont pas dire « je tire ».
Les gens autour d'eux vont peut-être commencer à remarquer qu'elle fait des petites erreurs parce qu'il y a une affection cognitive.
Tu n'arrives plus à mémoriser, tu n'es plus tout à fait là, tu as l'impression que tu moulines en boucle.
Tu peux remarquer parfois un changement de comportement, une personne qui envoie tout péter, qui devient un peu plus cynique.
Bon, mais maintenant cette personne-là, c'est rare qu'elle l'écoute le « écoute, il faut que tu prennes soin de toi ».
Elle ne peut pas, elle n'a pas ça en elle.
En elle, elle a le driver « sois fort », « ça ne peut pas m'arriver à moi », en gros, c'est inconsciemment ce qu'elle se dit.
Chez les dirigeants comme chez toute la population, les personnes en burn out sont les dernières à être au courant qu'elles sont en burn out.
Tu vois, il y a tout le monde, il y a leurs collaborateurs qui vont leur dire « Gérard, quand même, tu as l'air de tirer un peu sur la corde-là », mais comme tu as ces drivers en toi, ces programmes inconscients, c'est un petit peu comme ton système d'exploitation sur un ordinateur, tu sais que c'est un truc qui fonctionne en lame de fond, mais tu ne le vois pas, tu ne mets pas les mains dedans, c'est ton mode par défaut.
Donc le gars ou la ou la dirigeante va continuer à bosser, bosser, bosser, bosser jusqu'à un moment donné ou peut-être une première alerte.
Elle ne va pas l'entendre, elle va aller chez son médecin prendre des vitamines.
Une deuxième alerte, pareil.
Et la troisième, la prise se débranche complètement et là on se dit « ah ouais, là j'ai un problème ».
Tout le monde autour d'eux l'avait vu, mais eux ne l'ont pas accepté.
Maintenant, comment on s'en sort ?
À partir du moment où tu arrives à dégommer ces drivers, à dégommer ce mode par défaut, il faut retourner dans l'enfance, il faut retourner aller voir son éducation, ce qu'on a compris quand on était enfant, il faut déconstruire tout ça.
Ça, c'est la base.
Ensuite, il faut apprendre à équilibrer sa vie, ce qui n'est pas évident.
[Trouver l’équilibre]
Je vois beaucoup de dirigeants, leur vie, c'est le boulot, le boulot, le boulot, le boulot, le boulot, le boulot, la famille de temps en temps et on fait un golf ou deux de temps en temps.
Ok, c'est bien, mais même s'ils ne sont pas en burn out, qu'est-ce qui va se passer au moment de la retraite ?
Il n'y aura plus rien en fait.
La famille, les enfants auront grandi.
Une fois sur deux, je n'aurai pas forcément eu un lien très fort avec mon conjoint ou ma conjointe parce que j'aurai beaucoup nourri mon travail.
Et puis il ne me reste plus grand chose.
Donc tu t'aperçois que tu en as pas mal qui arrivent au niveau de la retraite, soit ils partent en dépression, soit ils ont des affections un petit peu plus costaud, parce que justement ils n'ont pas équilibré leur vie au moment où ils étaient à l'âge actif.
Et c’est pareil pour prévenir le burn out.
Vraiment important, apprendre à gérer son temps.
Apprendre à gérer son temps, apprendre à équilibrer ces cinq domaines de vie :
équilibrer la vie pro, la vie sociale, la vie de couple, la vie de famille et la vie personnelle.
Souvent on dit je vais équilibrer la vie pro et perso mais les gens ne savent pas ce que c'est que la vie perso.
Ils disent je peux passer plus de temps avec ma femme.
Non non, ça, c'est la vie de couple.
La vie perso, c'est le temps de qualité que tu passes avec toi-même, à faire des choses rien que pour toi.
C'est l'inverse du burn out, c'est ce que j'appelle moi l'égoïsme salutaire.
C'est, je vais d'abord me donner de l'énergie à moi pour pouvoir ensuite le redistribuer aux autres.