Pourquoi subir les évolutions à venir alors qu'il est possible de les anticiper et de s'en emparer ? C'est ce que propose la prospective en nous invitant à nous questionner sur les futurs possibles. En quoi consiste cette approche et pourquoi est-elle intéressante pour le dirigeant ? Envie de préparer votre avenir ? Suivez le Cap !Les conditions de mise en œuvre de la prospective, et bien elles requièrent des qualités que connaît bien le dirigeant, c'est-à-dire du courage et de mettre l'homme au cœur.Carine Dartiguepeyrou
Experte Apm
« La prospective en action »La prospective, ce n'est pas uniquement dessiner un futur donné, c'est essayer de comprendre tous les ressorts, toutes les imaginaires possibles, les scénarios possibles de demain.
L'idée c'est véritablement d'élaborer des visions du futur qui vont servir l'action, qui vont vraiment éclairer l'action et qui vont aider le dirigeant, et bien à faire des choix et à définir aussi des actions à court, moyen et long terme.
[Adopter une posture prospective]
C'est trois choses, la prospective.
La prospective, c'est déjà l'idée, c'est de se dégager du court-termisme en essayant vraiment d'aller viser un horizon plus long terme.
Donc ça peut être au-delà des 10 ans, 20 ans, 30 ans, 50 ans, aussi loin qu'on peut, selon bien évidemment, le secteur d'activité dans lequel on travaille.
La deuxième chose, c'est que la prospective, c'est vraiment le « voir large », c'est-à-dire c'est vraiment croiser toutes les dimensions, les évolutions technologiques, l'environnement, la société, les évolutions économiques, etc.
Donc on est vraiment dans l'interdisciplinarité et puis on regarde aussi tout ce qui agit au niveau international, régional et très local.
Donc c'est vraiment cette articulation des différentes échelles.
Et puis la troisième chose, c'est que la prospective, c'est vraiment ce qu'on appelle le « creuser profond ».
C'est-à-dire qu'on n'est pas uniquement dans la dimension imagination de ce que demain pourrait être, on essaie au contraire de penser de manière rétrospective ce qui s'est passé dans le passé, voir très loin derrière nous dans l'histoire, pour finalement aussi nous servir et nourrir des visions du futur.
[Être à l’écoute]
Dans un monde ok certes, hyper complexe et incertain, on va essayer d'aller repérer les tendances qui sont déjà à l'œuvre, dans le domaine démographique, technologique, économique, d'urbanisation, etc., ça, c'est très précieux.
Mais la prospective, c'est aussi la rencontre avec le sensible, c'est-à-dire qu'on va écouter les signaux faibles.
Et ces signaux faibles, en fait, ils sont très riches au niveau de l'évolution de nos comportements, de nos valeurs, des citoyens, de l'ensemble des parties prenantes.
Et on va essayer de vraiment de dégager ce qui n'est pas dominant aujourd'hui, mais qui pourrait l'être et qui pourrait nous donner à voir un autre futur possible.
La prospective, c'est vraiment relier les données très rationnelles, très factuelles, avec des données aussi plus qualitatives, voire plus intuitives, plus sensibles.
Le premier enjeu, c'est de ne pas passer à côté d'une tendance majeure.
Et puis le deuxième enjeu, c'est en effet de croiser toutes ces tendances.
Il y a une typologie des thématiques des mégatendances où il faut, en gros, il faut regarder, mais après l'art en fait de la mise en œuvre de la prospective, c'est que chaque entreprise travaille justement sur les mégatendances qui vont affecter plus particulièrement son secteur d'activité.
[Être acteur]
La prospective, c'est vraiment le pari qu'on peut devenir acteur de son avenir, qu'on peut devenir acteur de sa vision du futur.
Et donc c'est ça, pour moi, qui est très puissant dans cette manière de voir, une manière d'anticiper un petit peu, peut-être plus organisée qu'une simple intuition d'un dirigeant.
C'est aussi une possibilité d'embarquer plusieurs parties prenantes, des collaborateurs, de travailler plutôt en collectif pour imaginer ce que demain pourrait être, construire aussi les visions du futur.
On n'est pas là uniquement à regarder le train passer, on se dit : ok, on ne peut peut-être pas agir sur toutes les tendances, on ne peut peut-être pas agir sur toute la régulation ou la législation française ou européenne, mais on peut, chacun à son niveau, décider de ce qu'on fait advenir pour son entreprise, pour ses parties prenantes, pour ses collaborateurs.
Et ça, ça crée énormément d'énergie positive.